A l’heure où le Coronavirus a fait effraction dans toutes les consciences, à l’heure du confinement et des préoccupations que ce contexte extra-ordinaire génère, je souhaitais vous proposer des pistes afin de vivre au mieux cette période de retrait

Tout d’abord, j’ai une grande pensée pour tous les expatriés et habitants en Asie qui, pour avoir échangé avec certains, ont fait preuve d’une grande patience alors qu’ils ont été les premiers au monde à être confrontés au confinement et qui en sorte à l’heure actuelle. Leurs retours et leurs avis sont les bienvenus pour s’engager dans une dynamique solidaire. 

Pourquoi le confinement obligatoire est-il, pour certains, source d’anxiété ou de stress ?

  • Il est d’abord important de comprendre ce qui est en jeu, afin de pouvoir dans un premier temps dé-lier l’émotion. Pour un/e expatrié/e, la socialisation est déjà une problématique sensible qui amène de nombreuses frustrations. On le sait tous, reconstruire son cercle demande beaucoup d’énergie et de temps. Le confinement actuel, qu’il nous impose la solitude ou bien le partage en famille de l’espace de vie, peut alors accentuer et démultiplier le sentiment d’étouffement ou d’isolement et de solitude. 
  • L’obligation“, le fait qu’il s’agisse d’une réalité imposée, même si objectivement nécéssaire, peut aussi être source d’angoisse. Une limite géographique est donnée à notre liberté de mouvement, nos habitudes sont alors sous contrôle d’un autre que nous : l’Etat démocratique. Le sentiment de perte de contrôle peut provoquer des réactions réflexes d’angoisses ou même de peur panique. Evidemment, l’incertitude de son état de santé, ou de l’état de santé d’autrui, alimente cette sensation de perte de contrôle. Le corps, étant d’habitude, le siège illusoire de notre pouvoir sur nous-même, peut nous échapper.
  • L’urgence : pour l’Europe, le confinement est arrivé de manière massive et surprenante. Ce sentiment d’urgence et la mise en place de mesures drastiques qui changent notre rapport à la réalité en 2 jours, peut aussi être un facteur d’anxiété. D’où peut-être, les comportements de certains qui résistent à ces impositions. Serait-ce une manière inconsciente de ne pas succomber à l’angoisse qui naîtrait en faisant face à cette réalité et ses prises de conscience ?

Après avoir identifié l’émotion qui vous habite et après l’avoir accepté et reconnu, il est temps d’acter pour aller au delà et faire de ce confinement une “opportunité de”, “une occasion de”. 

Alors que faire ? 

Pour ceux qui sont seul/e/s à domicile, il s’agira de gérer les émotions qui s’activent face au vide, à l’espace et au temps que donne cette période de retrait.

Pour ceux qui sont en famille, avec conjoints et/ou enfants, il s’agira au contraire de trouver un espace de ressource, permettant à tous un équilibre entre des temps de groupe et des temps individuels. 

Dans ces deux cas de figure, le confinement provoque un effet miroir. C’est à dire qu’il nous place face au vide de stimulations externes, et qu’à la place, à y regarder de plus près, ce vide n’est pas si vide… Il est plutôt rempli de nous : nos émotions, nos projections, nos modes de fonctionnement. Impossible d’y échapper. Alors autant regarder. 

Je dirais que c’est une occasion d’observer ce qui est fonctionnel, en nous, dans notre famille, et ce qui ne l’est pas et qui provoque alors conflits et crises internes ou inter-familiales. 

Sur un plan individuel :

  • Munissez-vous d’un carnet de note pour annoter les comportements, phrases, mots qui génèrent une tension.
  • Dans les moments d’ennuis, d’anxiété ou de colère, notez vos ressentis, exprimez-les sans jugement de manière à expulser la pulsion et l’énergie de vos émotions. 
  • Laissez-vous allez face à l’ennui et positionnez-vous dans une attitude d’accueil : que vous dit votre ennui ? De quoi croyez-vous avoir besoin ? Quelle idées naissent de ce vide ?
  •  Pour évacuer une émotion, vous pouvez favoriser des pratiques qui permettent de vous connecter à votre corps : le sport, la relaxation, la méditation, le yoga etc… 

 Sur un plan intra-familial:

  •  Organisez ensemble des temps différents entre temps de solitude et temps commun. 
  • La parole n’est pas toujours nécessaire dans le vivre ensemble. Le silence partagé est aussi important et agréable pour favoriser la détente et la convivialité. Apprenez donc aux enfants à faire des activités silencieuses (peinture-dessin-lecture) même au milieu du salon. 
  • Respecter les besoins de chacun et les espaces individuels non perceptibles. Parfois, lorsque l’espace manque, respectez la bulle que chacun tente de mettre en place et n’intervenez pas dans son espace symbolique.
  • Organisez des temps commun en dehors des échanges verbaux: le jeu de société retrouve toute son importance. C’est à la fois une diversion et une manière distincte de mettre “en jeu” les relations entre chacun en exprimant et en réglant les enjeux interpersonnels de manière non frontale et donc non violente. 

Nos vies actuelles sont de plus en plus remplies et nous ont fait perdre l’habitude de la lenteur, de la contemplation, du temps libre. Pourtant la créativité et le désir naissent principalement du vide, de la nécessité de remplir l’espace vacant. Ce confinement est l’occasion de laisser surgir nos talents latents, la rêverie, notre créativité en tout genre. 

Comme l’écrit Naipaul ” Ils chemineront et regarderont. Le silence, la solitude (…). Un enchantement”.

Alors, programmez vous des temps de coupure complète avec internet et les écrans (portable-internet-TV) et reposez vos yeux, votre esprit. 

Etant aussi limités dans la possession d’objet, de matériel, d’outils, au lieu d’être un frein cela est une occasion d’activer notre inventivité et favorise le “Do It Yourself”. Nous débutons une période de “déconsommation”, en référence au concept de “démondialisation” exprimé par Daniel Cohen ( Le Covid-19 agit comme une métaphore de la démondialisation)

Garder le lien avec les autres

La particularité de ce confinement est aussi qu’il nous relie plus que jamais aux Autres, à tous ces autres aussi confinés, aux soignants dans les hôpitaux, aux pays qui ne sont pas encore touchés par le virus etc… Nous sommes témoins et acteurs d’une conscience mondiale qui nous pousse à nous questionner sur notre responsabilité collective, nos modes de vies. 

Diminuer l’utilisation des réseaux sociaux mais se sentir appartenir à un ensemble bien plus grand que son milieu ou son pays, est aussi une occasion unique de se reconnecter à ce qui nous lie tous et ce que vous avons tous en commun. 

D’autres choix sont possibles, ce confinement nous le montre.